L’interprétation et la discussion des données dans les recherches qualitatives en sciences sociales
Autrice : Irène Pereira (Professeure des Universités)
Résumé : L’art de faire parler les données (montée en généralité et théorisation) fait l’objet de peu d’écrits méthodologiques (si ce n’est sous l’angle de l’inductivisme de la théorie ancrée). Ce document propose de présenter certaines des stratégies possibles d’interprétation et discussion des données en méthodes qualitatives en s’appuyant sur une approche abductive.
Introduction :
Il existe aujourd’hui une littérature sur l’analyse des données au sens de la méthode de codage des données (Paillé, Mucchelli, 2021). Cela entraîne une confusion chez les étudiants qui pensent que le codage des données constitue l’analyse des données. Ce phénomène a été appelé dans la littérature « codomanie » (Lejeune, 2019). Or l’analyse des données doit en réalité, nous conduire à une montée en généralité relativement aux données brut. D’ailleurs, l’ouvrage de Paillé et Mucchelli conduit à une théorisation ancrée. Ce qui veut dire à une théorisation de moyenne portée. Or cette dimension est souvent escamotée par les étudiant.es qui se contentent d’une analyse thématique.
Les éléments ci-dessous se proposent d’aborder la question de l’interprétation et de la discussion des des données en mettant en lumière plusieurs stratégies d’interprétation des données présentes dans la littérature. En particulier, on s’appuiera sur les travaux en sociologie qualitative. L’objectif est néanmoins une réflexion plus générale sur les sciences sociales.
Pour notre part, nous recommandons de procéder, non pas par méthode inductive (Paillé, Mucchelli, 2021), mais par méthode abductive (Pereira, 2025). Cela nous conduit donc d’une part à partir d’une revue de la littérature structurée et d’un cadre théorique, et d’autre part à combiner codage thématique hypothético-deductif et inductif. La présentation des données repose donc sur une synthèse thématique. C’est à partir de cela qu’est mise en œuvre l’interprétation et la discussion des données. La méthode abductive, à la différence de la méthode inductive, permet donc d’articuler les dimensions microsociales des méthodes qualitatives avec une théorie sociale générale (macrosociale).
Il est ainsi possible de distinguer deux types de résultats dans la recherche : les résultats empiriques (qui relèvent de connaissances factuelles) et les résultats théoriques (hypothèses exploratoires, typologie, schémas de processus, nouveaux concepts, théorisation de moyenne portée…)
I. Présentation des stratégies d’interprétation et de discussion des données.
On peut distinguer les stratégies d’interprétation théoriques suivantes :
– Les stratégies basiques visent la mise en perspective en s’appuyant sur la revue de littérature :
a) Il s’agit de proposer des interprétations des résultats à la lumière des lectures qui ont été faites lors de la revue de la littérature. Les données qualitatives peuvent être interprétées en les mettant en lien avec les résultats des auteurs dans la revue de littérature.
b) Il est possible également de s’appuyer sur les concepts et les interprétations des auteurs qui ont été choisis dans le cadre théorique.
Néanmoins, ces stratégies ne permettent pas de produire des connaissances théoriques nouvelles.
– Les stratégies heuristiques :
L’heuristique est le domaine qui s’occupe de la découverte scientifique. Des stratégies peuvent être considérées comme heuristiques quand elles visent à produire du nouveau et non pas seulement à mettre en perspectives les résultats obtenus.
– La première stratégie consiste dans la production d’une nouvelle hypothèse interprétative en accord avec les données recueillies, les connaissances sociologiques de l’état de l’art et le cadre théorique choisi. On appelle cela une hypothèse exploratoire. Elle devra être confirmée par des études ultérieures, le plus souvent quantitatives.
On peut en outre distinguer trois grandes familles théoriques en sciences sociales (et plus particulièrement en sociologie) qui correspondent à trois grandes méthodes d’enquête, familles d’hypothèses et trois stratégies d’interprétation (voir tableau annexe 2): a) l’intentionnalisme (compréhensif) b) l’actionnisme (interactionniste et pragmatique) c) le structuralisme (explications macrostructurelles)
a) Intentionnalisme : Les approches intentionnalistes (ou compréhenvises) visent à produire des ideaux-types. Cette stratégie d’interprétation est plus particulièrement appropriée pour des méthodes qualitatives compréhensives, comme l’interprétation des entretiens semi-directifs compréhensifs.
Cette stratégie d’interprétation vise la construction d’idéaux-types (de typologies) à partir d’un codage thématique inductif des données. Elle peut être synthétisée sous forme de tableau à double entrée.
Par exemple, dans Travailler à l’école, Anne Barrère classe les élèves interrogés en 4 catégories selon leur quantité de travail et leur résultats scolaires : les bosseurs (travaillent et ont de bons résultats), les forçats (travaillent et ont de faibles résultats), les fumistes (ne travaillent pas beaucoup et ont de bons résultats) et les touristes (ne travaillent pas beaucoup et ont de faibles résultats).
(Voir : Schnapper, D. (2012). 14 – Élaborer un type idéal. Dans : Serge Paugam éd., L’enquête sociologique (pp. 291-310).
b) Interactionnisme : Les approches interactionnistes tendent à chercher à mettre en lumière comment se construisent des processus. Elles ont plus particulièrement recours à l’ observation ethnographique.
Cette approche se caractérise par la schématisation de processus. Il est ainsi possible de schématiser des processus qui décrivent les étapes d’un phénomène ou son organisation soit à partir du récit qu’en font les personnes dans un entretien, soit à partir des observations que vous avez faites (ou des deux). Cela peut être synthétisé sous la forme d’un schéma. Ce schéma permet de formuler des hypothèses exploratoires sur les relations entre les phénomènes.
La schématisation de processus peut être également utilisée par exemple dans les approches biographiques pour l’interprétation des entretiens biographiques.
Exemple : Lorsqu’on effectue des entretiens biographiques, on peut essayer de repérer des étapes de vie que l’on va retrouver dans plusieurs entretiens et les synthétiser dans un schéma qui présentent les différentes étapes de vie.
(Gendron, S., & Richard, L. (2015). La modélisation systémique en analyse qualitative: un potentiel de pensée innovante. Recherches qualitatives, 17, 78-97. )
c) Structuralisme : Les données qualitatives peuvent être interprétées également à partir de données quantitatives documentaires (ce qui veut dire par exemple tirées d’études nationales, régionales ou de données quantitatives administratives…). Il peut être nécessaire pour cela de faire des lectures complémentaires à la revue de littérature. Cela permet de proposer des hypothèses d’explication des données micro-sociales (verbatim d’entretiens, notes d’observation) en les mettant en perspective avec des données quantitatives macro-structurelles et des explications macrosociales. Là on s’approche de la visée explicative plutôt que compréhensive des sciences sociales.
Pour que cette stratégie devienne heuristique en méthodes qualitatives, elle doit être mise en lien avec l’une des approches heuristiques précédentes. Par exemple, lorsqu’on crée une typologie, il est possible de se demander à quel groupe social correspond les éléments de la typologie.
Les données socio-démographiques qui sont recueillies lors des entretiens servent à mettre en lien les discours des personnes et les catégories sociales auxquels elles appartiennent.
Ex : La plupart [nombre d’entretiens] des filles dans nos entretiens s’orientent vers des filières d’études dites féminines. On peut interpréter cet élément en le mettant en lien avec les statistiques nationales sur l’orientation des filles et des garçons [Citer les chiffres et leurs sources]. Proposer des explications macrosociales de ce phénomène : par exemple en lien avec la division sexuée du travail dans la société (citer les autrices qui ont travaillé sur ce concept).
(Voir : Florence Weber, « L’ethnographie armée par les statistiques », Enquête, 1 | 1995, 153-165.)
Remarque : La mise en perspective des données microsociales par des données statistiques macrosociales correspond au fait que des chercheurs et chercheuses, dont le cadre théorique est holiste structuraliste ou conflictualiste (voir : Pereira, 2025a), ont recours à des méthodes qualitatives. Cela signifie qu’ils vont chercher à replacer les données microsociales au sein d’une théorie sociale générale. Cette conception présuppose que les discours et les actions microsociales ne peuvent pas être expliquées uniquement à partir du niveau microsocial, mais implique de prendre en compte des structures macrosociales.
A ces trois approches classiques, il est possible d’ajouter une quatrième :
– L’approche critique : Elle consiste à mettre à jour les relations sociales de pouvoir entre individus (approches foucaldiennes) et/ou des rapports sociaux de pouvoir entre groupes sociaux (approches marxiennes). Les relations de pouvoir se jouent au niveau microsocial tandis que les rapports sociaux de pouvoir se jouent au niveau macrosocial. C’est ce que se proposent les sociologies critiques. (voir : Annexe 1)
– Une stratégie de niveau intermédiaire : la production d’une théorie émergente.
Dans la théorie ancrée (inductive), il s’agit à partir du codage inductif du matériau pour produire une théorie qui permet de conceptualiser et d’articuler les résultats empiriques. A la différence, dans le cadre d’une approche qui articule codage hypothético-déductif et codage inductif, il est possible d’élaborer une théorisation de niveau intermédiaire qui peut venir compléter, préciser ou modifier le cadre théorique initial. La théorie intermédiaire est donc une théorie qui se trouve à la jonction entre un cadre théorique macrosocial et le terrain empirique. On parle alors de démarche abductive.
– Une stratégie risquée :
La création de nouveaux concepts : Il peut arriver que les concepts existants déjà en sciences sociales ne soient pas suffisants pour rendre compte de la réalité étudiée. On peut alors créer de nouveaux concepts. Attention : pour créer de nouveaux concepts, il faut bien connaître la littérature scientifique, pour ne pas donner un nouveau nom à un concept qui existe en réalité déjà. Il y a d’ailleurs une tendance parfois chez les chercheurs à proposer des concepts différents pour désigner les mêmes choses dans un effet de labellisation.
(Voir : Truong, F. (2016). 6. Créer de nouveaux concepts. Dans : , F. de Singly, C. Giraud & O. Martin (Dir), Apprendre la sociologie par l’exemple (pp. 89-100). Paris: Armand Colin.)
– Une stratégie très élaborée : La production d’une théorie sociale
A titre d’information : La production d’une théorie sociale est l’œuvre de chercheurs en sciences sociales très confirmés qui peuvent produire un théorie cohérente en capacité d’expliquer un ensemble de faits sociaux appartenant à différents domaines de la vie sociale (ex : éducation, politique, culture…). Pour produire, une théorie originale, il faut connaître l’ensemble des théories sociologiques générales pour ne pas risquer de redire ce qui a été déjà dit. Une théorie est un ensemble d’interprétations qui s’organise selon une cohérence interne (épistémologique) et externe (compatibilité avec les connaissances sociologiques factuelles). Cette théorie devient alors un « cadre théorique ».
(Voir : Lahire, B. (2018). Les ambitions théoriques de la sociologie. Sociologie, 9, 61-71 –
Lahire, B. (2006). Nécessité théorique et obligations empiriques. Revue du MAUSS, no<(sup> 27), 444-452. )
NB : Il est possible de faire une seule et même partie qui inclut également à la fois l’interprétation et la discussion des résultats. C’est pourquoi certaines stratégies présentées dans l’interprétation sont proposées également pour la partie discussion.
II. Un exemple illustrant la différence basique entre interprétation microsociale et discussion macrosociale :
Voici un exemple pour aider à comprendre en quoi consiste l’interprétation des résultats et la discussion des résultats.
L’interprétation interne des données peut conduire à dégager soit une typologie, soit un schéma de processus.
– La typologie :
Dans Travailler à l’école, Anne Barrère, à partir de son enquête de terrain, établie une typologie avec différents profils d’élèves en fonction de leur quantité de travail et de leurs résultats à l’école. Elle donne un nom à chaque catégorie d’élèves.
Son résultat de recherche est de montrer qu’il n’y a pas forcément de lien entre la quantité de travail d’un élève et ses résultats scolaires.
Son interprétation des résultats consiste à montrer que l’on peut distinguer différents types d’élèves (ou profils d’élève) en fonction de leur quantité de travail et de leur résultats scolaires :
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Bons résultats |
Faibles résultats |
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Travail beaucoup |
Bosseurs |
Forçats |
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Travail peu |
Fumistes |
Touristes |
– La mise en perspective macrosociale dans la discussion des résultats :
En regardant les statistiques sur les élèves et leurs trajectoires socio-scolaires dans la littérature scientifique, on peut se demander si ces profils correspondent à des catégories sociales.
En effet, on sait qu’il y a des inégalités sociales de résultats. Les élèves issus de classes moyennes et moyennes supérieures réussissent mieux à l’école que les élèves de classes populaires (cf. Bourdieu). On sait en outre que les filles et les garçons n’ont pas forcement la même attitude à l’école (cf. Duru-Bellat).
De ce fait, on peut être conduit à formuler les hypothèses exploratoires suivantes :
– Les bosseurs : seraient plus spécifiquement des filles des classes moyennes et moyennes-supérieures
– Les fumistes : seraient plus spécifiquement des garçons des classes moyennes et moyennes supérieures.
– Les forçats : seraient plus spécifiquement des filles des classes populaires
– Les touristes : seraient plus spécifiquement des garçons de classes populaires.
Il pourrait être intéressant de ce fait de poursuivre la recherche avec une étude statistique, par questionnaire, qui vise à tester s’il existe des corrélations statistiques entre ces quatre profils et les variables de genre et de classes sociales.
III. Le passage de l’interprétation microsociale à la théorisation intermédiaire en relation avec une théorie sociale générale en sciences sociales.
1. Le rôle du cadre théorique :
Dans la première partie de la recherche (avec une méthodologie abductive), on a été conduit à choisir un cadre théorique. Il est possible de remarquer que si l’approche inductive convient plutôt aux approches microsociales, l’approche abductive a l’avantage de pouvoir s’articuler avec des cadres théoriques « holistes structuralistes » et « holistes conflictualistes » (voir : Pereira, 2025a).
2. L’interprétation abductive microsociolale des données
Les hypothèses s’appuient sur le cadre théorique et mobilisent des concepts du cadre théorique. Lorsque l’on code de manière hypothético-déductive les données, on est conduit à remobiliser les concepts du cadre théorique.
Ce qui ne rentre pas dans le cadre théorique fait l’objet d’un codage inductif.
Une fois présenté les résultats de ces deux codages de manière thématique, il s’agit de produire une synthèse qui articule les résultats de ces deux codages, soit sous la forme d’une typologie, soit sous la forme d’un schéma de processus.
Nous appellerons ce moment « interprétation des données ». L’interprétation des données en reste au niveau microsocial. Elle cherche à organiser les données recueillies dans un ensemble cohérent.
3. La mise en perspective avec une théorie sociale générale dans la discussion
La discussion sert à prendre de la hauteur de vue par rapport à l’interprétation microsociale pour la replacer dans un cadre théorique plus général (une théorie sociale).
Le cadre théorique repose sur une théorie sociale (qui renvoie à une ontologie sociale (Pereira, 2025a). En sciences sociales, il existe plusieurs grandes théories sociales qui renvoient à 4 grandes ontologies sociales différentes :
– la société est le résultat des actions individuelles (individualisme méthodologique)
– la société est le produit des interactions sociales (interactionnisme)
– la société est un ensemble cohérent qui dépasse les individus (holisme structuraliste)
– la société est le produit de groupes sociaux en conflits (holisme conflictualiste)
Un cadre théorique s’inscrit donc dans une vision générale de la société (ou théorie sociale). La discussion consiste à replacer les résultats de l’interprétation microsociale dans ce cadre théorique plus général pour essayer de montrer en quoi les résultats de votre enquête s’inscrivent dans ce cadre plus général et permettent de nous aider à mieux comprendre le fonctionnement de la société dans son ensemble.
En sciences sociales, on ne cherche pas seulement à obtenir des résultats microsociaux, on cherche à comprendre comment ces résultats s’insèrent dans une théorie sociale. Ce qui veut dire que l’on cherche à comprendre comment ce cadre donne sens aux résultats que l’on a trouvé, mais également comment les résultats microsociaux, nous aide à comprendre plus précisément le fonctionnement plus général de la société.
La production d’une théorie intermédiaire abductive articule donc les concepts de la théorie sociale du cadre théorique et les résultats microsociologiques (typologie, schémas de processus). Cela peut être matérialisé sous la forme d’un schéma qui aide à comprendre le rôle des données microsociales, dégagées précédemment, pour comprendre le fonctionnement plus général de la société.
Discuter les résultats suppose donc de prendre de la hauteur de vue en étant capable de replacer les résultats microsociaux dans une théorie sociale plus générale.
Pourquoi est-ce important ? Il s’agit de ne pas avoir une vision myope des phénomènes sociaux que l’on étudie. Il faut être capable de les replacer dans un contexte plus général qui leur donnent un sens.
Conclusion:
Il nous semble important d’éviter la confusion chez les étudiant.es de la réduction de l’analyse des données au codage des données. Nous avons donc ici présenté une approche qui distingue trois moments. La première porte sur la présentation d’une synthèse thématique des résultats empiriques. La deuxième, que nous avons appelé “interprétation des données”, se situe au niveau microsociale, et vise la production d’une typologie ou d’un schéma de processus. Le troisième moment, qui relève de la discussion, vise la production d’une théorie intermédiaire qui articule les résultats microsociaux et la théorie sociale du cadre théorique. Il s’agit alors de produire un éclairage nouveau sur les données microsociales à partir de leur inscersion dans une théorie macrosociale.
Annexe 1 : Relations sociales de pouvoir et rapports sociaux de pouvoir
La sociologue Danièle Kergoat distingue entre les relations sociales et les rapports sociaux.
Les relations sociales se déroulent entre deux ou plusieurs individus (niveau microsocial) qui occupent des positions sociales équivalentes.
Les rapports sociaux de pouvoir sont des notions macrostructurelles. Ils désignent un rapport de pouvoir entre deux groupes sociaux. On parle ainsi de rapports sociaux de classes sociales ou de sexe par exemple. La sociologie des rapports sociaux vise à dévoiler les rapports sociaux de pouvoir qui traversent la réalité sociale.
Dans le cadre d’une ethnographie, si on ne se situe qu’au niveau microsocial, il n’est pas possible de distinguer les rapports sociaux des relations sociales de pouvoir.
Pour distinguer les interactions qui sont des relations sociales des rapports sociaux de pouvoir, il faut prendre en compte la place que les personnes occupent dans les rapports sociaux qui sont macrostructurels.
Cet exemple montre comment le niveau microsocial et macrosocial doivent être pris en compte pour analyser ce qui se passe dans une enquête qualitative ethnographique.
L’observation ethnographique peut donc être tournée vers la mise à jour des relations sociales de pouvoir en les distinguant des rapports sociaux de pouvoir.
Les entretiens peuvent s’attacher à analyser la manière dont les rapports sociaux de pouvoir sont intériorisés (internalisés) par les subjectivités.
De son côté, la psychologie sociale analyse les situations en ne prenant en compte que les relations sociales.
Annexe 2 Tableau : Cohérence cadre théorique, méthodes, hypothèses, interprétation
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Cadres théoriques |
Structuralisme |
Inter-actionnisme |
Intentionnalisme |
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Type de sociologie |
Sociologies explicatives |
Sociologies de l’action |
Sociologies compréhensives |
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Objets privilégiés : |
Variables statistiques macro-structurelles liées à des groupes sociaux (ex : classes sociales ou catégories professionnelles, sexe, âge….) |
Interactions sociales |
Significations Justifications, Narrations discursives |
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Méthodes privilégiées |
Questionnaires statistiques |
Observations ethnographiques |
Entretiens |
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Type d’hypothèses |
Hypothèses portant sur des corrélations statistiques |
Hypothèses portant sur la description des actions |
Hypothèses portant sur des significations subjectives |
|
Niveau d’analyse |
Macrosocial : structures sociales |
Microsocial : interactions, logiques d’action |
Microsocial : discours subjectivité |
|
Méthodes d’analyse des données |
Contextualisations quantitatives |
Schématisation de processus d’action |
Construction d’idéaux-types |
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Exemples de courants sociologiques ou d’auteurs |
Durkheim, Bourdieu, …. |
Interactionnisme symbolique, ethnométhodologie, Peter Wood, Jean-Paul Payet. |
Weber, Sociologie de l’expérience scolaire (Dubet, Barrère…) |
Annexe 3 : Différents types d’activité scientifique.
Décrire : il s’agit de produire une connaissance factuelle conforme à la réalité par exemple dans le cas d’une observation, on va restituer le plus précisément ce que l’on a observé (ex : lieu, horaire, personnes, discours, actions…)
Schématiser : il s’agit de produire un modèle simplifié de la réalité. Par exemple, une schématisation des logiques d’action. La schématisation peut s’appuyer sur la description en en synthétisant les aspects les plus importants.
Classifier : il s’agit de produire des classifications ( base de la construction de typologies) qui aident à organiser la réalité. On va construire un tableau où l’on classe différentes caractéristiques.
Expliquer : il s’agit d’établir les causes d’un phénomène en isolant la variable déterminante. Pour cela, il faut faire des expériences permettant d’isoler une variable (méthode expérimentale qui n’est pas pratiquée en sociologie).
Interpréter /Comprendre : En sociologie, comme en histoire, il s’agit d’interpréter la réalité. On va proposer une interprétation de corrélations statistiques. Mais surtout dans les méthodes qualitatives, on va proposer des interprétations des logiques d’action des personnes ou de leurs discours en établissant les raisons d’agir. Une raison se distingue d’une cause. La cause renvoie à une réalité physique extérieure, tandis que la raison est une catégorie mentale qui renvoie à une intention.
Mettre en perspective les résultats : Il s’agit de mettre en relation les résultats microsociaux de l’enquête avec des résultats mesociaux (niveau des institutions) et macrosociaux (niveau de la théorie sociale) que l’on trouve dans la littérature scientifique. Cette mise en relation permet d’éclaire les données microsociales en leur donnant un sens par rapport aux niveaux mesociaux et macrosociaux.
Bibliographie :
Lejeune, C. (2019). Chapitre 3. Étiqueter: des propriétés aux catégories. Méthodes en sciences humaines, 2, 61-100.
Paillé, P. et Mucchielli, A. (2021). L’analyse qualitative en sciences humaines et sociales. (5e éd.). Armand Colin.
Pereira I. (2 juillet 2025). Didactique des méthodes qualitatives. Les cahiers de pédagogies radicales. https://doi.org/10.58079/1497r
Pereira I. (27 juillet 2025a). L’importance du cadre théorique en sciences sociales. Le cas des sciences de l’éducation. https://pedaradicale.hypotheses.org/6693
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Irène Pereira (27 juillet 2025). L’interprétation et la discussion des données dans les recherches qualitatives en sciences sociales. Les cahiers de pédagogies radicales. Consulté le 9 novembre 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/14fqi
