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Censure de la science et liberté de la recherche scientifique : didactisation des enjeux philosophiques

– Construction de balises curriculaires à partir de corpus en pédagogie publique pour des pratiques philosophiques dans la cité –

Autrice: Irène Pereira

Résumé : L’article propose de construire des balises curriculaires, afin d’orienter des pratiques philosophiques dans la cité, dans un cadre d’éducation populaire, au sujet du débat public sur la censure des recherches scientifiques. Pour cela, le protocole de recherche s’appuie sur deux études de cas qui sont traitées à partir de deux corpus de pédagogie publique. Ces deux corpus sont analysés à partir d’une approche en philosophie didacticienne pour établir les balises curriculaires philosophiques.

Mots clefs : Pédagogie publique, Recherche en didactique de la philosophie, Pratiques philosophiques dans la cité, Philosophie didacticienne, Balises curriculaires, Education populaire. 

Introduction

Au début de l’année 2025, la nouvelle présidence Trump, récemment investie, produit une liste de termes qui sont « déconseillés » dans la recherche scientifique (Yourish et al., 2025). Ce document est présenté dans la presse sous le nom d’« abrogation woke » (Clévenot, 2025). Cette censure des recherches scientifiques est justifiée par l’administration Trump pour lutter contre ce qui est considéré, par elle, comme les dangers de l’idéologie « woke ». Cette dernière est présentée par la droite et l’extrême-droite états-unienne comme exerçant une censure dans les campus américains (Laurens, 2022). La recherche qualifiée par ses détracteurs de « woke » englobe, par exemple, les études de genre, les études raciales, les études postcoloniales et décoloniales ou encore les études queers.

Notre question de recherche est donc la suivante : Comment didactiser les enjeux philosophiques de la censure de la recherche scientifique en vue d’une contribution à une éducation démocratique citoyenne ? Les pratiques philosophiques dans la cité1 désignent un ensemble de pratiques d’éducation populaire qui mettent en œuvre une approche philosophique hors l’école. Ces pratiques peuvent être animées par des personnes qui ont une formation académique en philosophie, comme par des personnes, sans formation académique spécifique, mais qui souhaitent proposer une réflexion autour de questions ayant des enjeux philosophiques citoyens. Or, il nous semble que la recherche en didactique de la philosophie, en s’appuyant sur la notion de « balise curriculaire » (Lange, 2024), peut aider à didactiser les enjeux des débats publics et constituer un appui pour la mise en œuvre de ces pratiques d’éducation populaire et l’éducation à la citoyenneté démocratique.

Pour cela, notre recherche s’organisera en cinq temps. Le premier moment porte sur la construction d’un cadre théorique. Ce cadre s’appuie sur l’articulation de deux champs de recherche : la pédagogie publique et la didactique de la philosophie. Le deuxième moment est consacré à l’explicitation de la méthodologie de recherche. Le troisième a trait à l’analyse philosophique du corpus de deux études de cas portant sur des controverses publiques autour de la censure des recherches scientifiques. Le quatrième moment est consacré à une discussion philosophique de ces deux controverses publiques. L’ensemble de ce processus vise à produire un ensemble de « balises curriculaires » permettant d’aborder les controverses publiques récentes autour de la censure scientifique.

I. Le cadre théorique de la recherche

Notre recherche s’appuie sur un cadre théorique en sciences de l’éducation et de la formation qui articule deux champs de recherche : la pédagogie publique et la didactique de la philosophie.

1. La pédagogie publique

La pédagogie publique est un champ de recherche récent en sciences de l’éducation, qui s’est développé principalement dans le monde anglo-saxon, mais qui est déjà bien implanté comme en témoigne, par exemple, l’existence d’un handbook qui lui est consacré (Sandlin et al., 2009). La pédagogie publique désigne, dans le monde anglo-saxon, tout le champ de l’étude de l’éducation hors l’école. Elle recouvre donc plusieurs champs qui existent dans le contexte français : éducation informelle, éducation populaire, médiations artistiques… On peut définir le champ de recherche de la pédagogie publique de la manière suivante :

« La pédagogie publique est une construction théorique qui met l’accent sur les différentes formes et lieux d’éducation et d’apprentissage qui se déroulent au-delà des pratiques scolaires formelles : dans des institutions autres que les écoles, comme les musées, les zoos, les bibliothèques et les parcs publics, dans des lieux éducatifs informels comme la culture populaire, les médias, les espaces commerciaux et Internet, et dans ou à travers des figures et des lieux d’activisme, notamment les « intellectuels publics », l’activisme social populaire et divers mouvements sociaux. La théorie et la recherche en pédagogie publique s’inspirent largement des contributions des études culturelles. De ce fait, la pédagogie publique s’intéresse à la fois aux dimensions socialement reproductives et contre-hégémoniques des espaces pédagogiques qui sont distincts de l’école formelle » (Collectif, 2010).

Ce qui nous intéresse plus spécifiquement ici, c’est la dimension de la pédagogie publique qui s’intéresse aux discours qui sont produits dans l’espace public. Ainsi, les déclarations publiques, les médias, les livres ou autres productions publiques sont considérés comme des vecteurs d’éducation informelle.

L’étude de ces discours publics, par la pédagogie publique, englobe des champs de recherche qui existent en France, mais qui peuvent être disjoints. Cela peut inclure les questions socialement vives (QSV) qui recouvrent trois niveaux de vivacité : elles sont vives au niveau de la société, au niveau scientifique et au niveau de la classe (Simonneaux, 2008). La pédagogie publique peut également porter sur les controverses en éducation : « une controverse en éducation est liée au traitement d’une « question politiquement sensible » (Tutiaux-Guillon, 2006, p. 119) « qui mobilise et qui divise » (Albe, 2009, p. 67) » (Urgelli et Godin, 2022). Il peut également s’agir de l’étude des « débats publics » (Pons, 2020) qui constitue une notion plus générale que celle de controverse, plus souvent utilisée pour désigner des débats scientifiques. La pédagogie publique peut également s’intéresser à la lutte contre les discours mythifiants dans l’espace public (Freire, 1968/2021) relevant ainsi de l’éducation critique aux médias.

L’étude de la pédagogie publique ne comprend pas seulement l’étude des discours et des pratiques hégémoniques dans l’espace public, mais également l’étude des contre-pédagogies. Le théâtre-journal d’Augusto Boal (Boal, 1977) constitue un exemple de pratique contre-hégémonique pratiquée, par l’éducation populaire, relativement aux productions de l’espace de la pédagogie publique. En cela, les pratiques philosophiques dans la cité peuvent relever de l’ensemble des pratiques contre-hégémoniques qui visent à développer l’esprit critique des citoyens et des citoyennes concernant les débats publics et les discours mythifiants.

Dans l’approche que nous proposons, la didactique de la philosophie prend donc appui sur l’étude de corpus provenant de la pédagogie publique, telles que des articles de presse (Pons, 2020), des livres d’intervention, des articles de revues d’idées ou encore d’autres supports médiatiques provenant de la radio, de la télévision ou d’internet.

2. Philosophie didacticienne, didactique curriculaire et didactique de la philosophie

La démarche qui est la nôtre prend appui sur une philosophie didacticienne (Verdeau, 2013). Cela veut dire que nous assumons une méthode philosophique d’analyse, mais orientée vers une production didactique, qui sont des balises curriculaires. Par méthode philosophique d’analyse, nous nous appuyons sur les méthodes dégagées par Olivier Reboul (1983) : la méthode dialectique, la méthode historique, la méthode d’analyse logique, la méthode réflexive et la méthode a contrario.

Trois notions des études curriculaires, nous paraissent intéressantes pour notre recherche. La première est la notion d’« outside curricula » (Shubert, 2010) utilisée en pédagogie publique. Cela désigne les curricula, hors de l’éducation formelle, qu’ils soient informels (curriculum invisible, curriculum informel, curriculum caché) ou qu’il soit mis en œuvre dans l’éducation non-formelle, comme l’éducation populaire. La deuxième notion, sur laquelle nous nous appuyons, est celle du curriculum possible : « Le curriculum possible renvoie aux principes d’élaboration de ce qui pourrait être par un travail de recherche exploratoire et prospectif justifié par un système de référence. Le but est de repousser les limites de l’existant. En ceci, ce curriculum possible reste virtuel (en puissance), tant que ne seront pas repérés les conditions de sa mise en œuvre (Lange, 2014). » (Barthes, 2022b). Enfin, nous nous appuyons sur la notion de « balise curriculaire » : « Dans une métaphore de navigation maritime, l’idée de « balise » recouvre l’idée de repère dans la conception et la mise en œuvre d’un parcours d’étude : « les balises curriculaires, c’est-à-dire les passages obligés, les dérives à éviter, les nœuds de tension épistémologiques et didactiques identifiés par le travail de recherche » (Lange, 2017, p. 355). » (Lange, 2024). Notre approche vise à établir des balises curriculaires pour un curriculum possible dans un contexte d’éducation populaire (outside curriculum).

Mais comme notre approche est orientée vers les pratiques philosophiques dans la cité, nous nous appuyons pour cela sur la didactique de la philosophie et plus particulièrement le modèle de l’apprentissage du philosopher de Michel Tozzi (1993).

Tableau n°1. Modèle de l’apprentissage du philosopher de Michel Tozzi (tiré de Tozzi, 1993)

Capacités philosophiques

Ce qui peut s’opérer par plusieurs voies :

Conceptualiser

« • La formulation du sens implicite connoté par des images, symboles, allégories, mythes… qui évoquent ces notions. (Approche métaphorique).

• L’explication de leur(s) sens langagier. (Approche par les significations du mot qui les exprime).

• L’expression et la mise en question de leur représentation spontanée, par confrontation de l’apprenti-philosophe avec ses pairs, le professeur, les grands auteurs. (Approche critique de l’opinion).

• La détermination des attributs de leur concept. (Approche prédicative de type aristotélicien).

• L’exploration extensive de leur intelligibilité du réel à travers la polysémie de leurs champs d’application (qui renvoie à leur unité problématique de sens). »

Problématiser

« • la mise en question d’évidences, de conceptions ;

• la recherche sous ces questions de problèmes philosophiques;

• la formulation de ces problèmes sous forme ouverte, alternative (mais pas forcément contradictoire) ;

• l’exploration diversifiée de réponses possibles. »

Argumenter

« • le registre d’une raison visant la conviction universelle ;

• en cohérence avec elle-même;

• et hiérarchisant pertinemment ses raisons ».

Notre objectif ici est d’établir un modèle des balises curriculaires philosophiques à partir du modèle de l’apprentissage du philosopher de Michel Tozzi. Notre recherche se situe dans la continuité de travaux en didactique qui proposent de produire des balises curriculaires (Barthes et al., 2019 ; Hervé et al., 2021, Barthes, 2022a). Ce projet fait suite à un précédant article s’appuyant sur une philosophie didacticienne pour établir des balises curriculaires (à paraître en 2025 dans la revue Trema).

Tableau n°2. Balises curriculaires philosophiques dans le cadre de pratiques philosophiques dans la cité.

Capacités philosophiques Balises curriculaires
Conceptualiser Balises pour conceptualiser :

Balises indiquant les concepts importants et les points de vigilances relatifs à l’usage de ces concepts.

Problématiser Balises pour problématiser :

Balises indiquant les problèmes philosophiques sous-jacents aux débats publics

Argumenter Balises pour argumenter :

Balises indiquant les principales positions et leurs arguments. Il s’agit d’aider à repérer les arguments philosophiques et non-philosophiques (ex : connaissances scientifiques)

Notre objectif est donc à partir de ce cadre théorique de proposer une étude des enjeux philosophiques du débat public concernant la censure de la recherche scientifique afin d’en établir des balises curriculaires possibles pour des pratiques philosophiques dans la cité.

Résumé  du cadre théorique : La recherche s’appuie sur l’étude de la pédagogie publique. Cette dernière est analysée à partir d’une philosophie didacticienne. Cette philosophie se donne pour objectif d’établir des « balises curriculaires » qui pourront servir d’appui à des pratiques philosophiques dans la cité.

***

Encadré méthodologique

Méthode d’enquête : Dans le cadre de cette recherche exploratoire, nous avons opté pour une méthode d’enquête qualitative par étude de cas comparative. L’enquête qualitative nous semble compatible avec la visée de la philosophie didacticienne qui est d’établir des balises curriculaires philosophiques. L’étude de cas qualitative est utilisée en philosophie appliquée, entre autres en éthique professionnelle (Gohier et al., 2015). De manière générale, l’étude de cas est une des méthodes admises en sciences de l’éducation et de la formation (Karsentis, Demers, 2011). Nous avons donc choisi d’étudier deux cas portant sur le débat public de la censure des recherches scientifiques. Le premier est celui qui porte sur la thèse selon laquelle le « wokisme » exercerait une censure sur les recherches scientifiques en France. La deuxième étude de cas est centrée sur les prises de position des chercheurs en amont et pendant la journée d’action du 7 mars 2025 organisée par Stand Up for Science France, en soutien aux scientifiques états-uniens. Nous nous sommes intéressés à deux questions : 1) Quelle critique en France ont été produites contre le wokisme en tant qu’il pourrait porter atteinte à la liberté d’expression ? 2) Quels discours critiques ont été produits en France sur la censure exercée aux Etats-Unis sur les sciences par l’administration Trump en préparation du 7 mars 2025 ?

Délimitation du corpus : Nous avons donc décidé de constituer un corpus de pédagogie publique. Pour cela, nous avons eu recours à trois critères communs pour constituer nos deux corpus : a) des corpus relevant de la pédagogie publique b) produit par des chercheurs c) en France.

Corpus n°1 : « Wokisme » et cancel culture dans le milieu académique français.

Pour constituer ce corpus, nous avons décidé de viser des textes où des chercheurs prenaient position dans l’espace public pour argumenter l’idée qu’il y aurait une censure exercée par le « wokisme » à l’égard des recherches scientifiques en France. Nous avons décidé de ne pas retenir dans notre corpus les tribunes publiées dans la presse car il y avait eu déjà une étude récente sur le sujet (Silhol et Mahoudeau, 2024). Nous avons opté pour une recherche sur Google scholar qui nous semblait permettre d’identifier les ouvrages d’intervention et les articles parus dans des revues d’idées. Nous avons effectué une revue narrative de la littérature (Fenoglio, 2023) : ce qui signifie que nous avons cherché à identifier les principales productions qui pouvaient rentrer dans notre corpus. Pour cela, nous avons délimité la recherche à partir des mots clefs suivants figurant dans le titre des productions  (à la date de mars 2025) :

– « Wokisme » : 40 résultats sans les citations..

– « Woke » : 56 résultats sans inclure les citations.

– « Cancel culture » : 32 résultats sans les citations.

On peut constater que le terme « wokisme » est absent avant 2020, mais qu’à partir de ce moment-là, la littérature est fournie. Les références contiennent des textes qui s’opposent au « wokisme » et ceux qui critiquent les « anti-wokistes ». Cette littérature en français recouvre deux espaces géographiques de production : la France et le Quebec.

Nous n’avons donc retenu que la littérature produite en France et qui développe l’idée d’une censure « woke » dans l’espace académique et écrit par des chercheurs ou des chercheuses. En appliquant cet ensemble de critères, seule une production relève significativement de ce registre, il s’agit de : Heinich, N. (2023). Le wokisme serait-il un totalitarisme?. L’ouvrage consacre un chapitre spécifiquement à la thématique de la censure et contient plusieurs passages portant sur l’espace académique.

Nous avons complété l’exploration sur Google scholar, avec une consultation du site Internet « Observatoire de l’éthique universitaire », anciennement dénommé « Observatoire du décolonialisme »2 . Cet observatoire se présente comme un espace qui prétend documenter les formes de censure qui seraient produites dans l’espace académique par le wokisme en France. Nous avons utilisé le mot clef « censure ». Nous avons trouvé de très nombreuses notices, mais leur nature est très variable. Il peut s’agir de la simple reprise d’informations parues sur d’autres sites, comme des productions originales. Plusieurs d’entre elles font référence au travail de Nathalie Heinich.

Corpus n°2. Prises de parole des chercheurs dans le cadre du mouvement Stand Up for Science France.

Pour constituer ce corpus, nous avons décidé de viser des supports écrits ou audio-visuels où des chercheurs ou des chercheuses en France se sont exprimés pour soutenir les universitaires états-uniens à l’origine du mouvement Stand Up for Science avant ou le jour du 7 mars 2025. Voici le corpus que nous avons constitué :

France Culture (mars 2025), Données scientifiques effacées : résister à la censure de Trump –

https://www.youtube.com/watch?v=J_E5UL_Ff30

France Inter (mars 2025), La recherche “dans un moment orwellien” aux Etats-Unis, regrettent plusieurs scientifiques français – https://www.youtube.com/watch?v=krmh29s5AJQ

Conférence de presse #StandUpForScience avec Valérie Masson-Delmotte, Dominique Costagliola, … (7 mars 2025) – https://www.youtube.com/watch?v=chcxfQjN6bY&t=104s

Collectif. (2025, March 5). « Défendons les sciences face aux nouveaux obscurantismes ». Le Monde.fr. https://www.lemonde.fr/sciences/article/2025/03/04/defendons-les-sciences-face-aux-nouveaux-obscurantismes_6576330_1650684.html

Les documents audio-visuels ont fait l’objet d’une transcription automatique à l’aide d’un logiciel de transcription automatique de video de manière à faciliter l’exploitation des documents.

Méthode d’analyse et de discussion du corpus : Nous avons opté pour une étude philosophique des deux corpus. Il s’agit donc de formuler une proposition didactique qui soit le résultat d’une philosophie didacticienne (Verdeau, 2013) c’est-à-dire d’une activité proprement philosophique, mais orientée vers une élaboration didactique. Le but de l’analyse étant d’identifier les concepts importants, les problèmes philosophiques sous-jacents à la controverse publique et les positions philosophiques en présence, ainsi que leurs principaux arguments philosophiques, nous avons opté pour une analyse qualitative manuelle. Nous nous sommes appuyés principalement sur deux méthodes de la philosophie de l’éducation présentées par Olivier Reboul (1983) :

– l’analyse logique : dans l’espace public, les concepts sont souvent utilisés de manière confuse. Un même terme peut avoir plusieurs significations. L’analyse logique cherche à clarifier l’usage des concepts.

– l’analyse dialectique : la confrontation de positions différentes permet de faire émerger les problèmes philosophiques sous-jacents.

Visée praxéologique de la recherche : Les sciences de l’éducation et de la formation n’ont pas seulement une visée heuristique et critique, mais également une visée praxéologique (Marcel et Rinaudo, 2020). Dans notre cas, l’analyse philosophique est orientée vers une recherche didactique. Cette dernière vise à établir des balises curriculaires qui pourront orienter des pratiques philosophiques dans la cité. Plus particulièrement, il s’agit de produire des « balises curriculaires » concernant les enjeux philosophiques du débat public sur la censure des recherches scientifiques.

***

Résumé du protocole de recherche : La recherche s’appuie sur l’étude qualitative de deux corpus issus de l’espace de la pédagogie publique. Ces deux corpus, portant sur la censure des recherches scientifiques, sont analysés à partir d’une approche philosophique (méthode analytique et dialectique) pour en extraire des balises curriculaires philosophiques afin d’aider à orienter des pratiques philosophiques dans la cité.

II. Analyse et discussion du corpus.

L’analyse et la discussion du corpus sont orientées vers la production de balises curriculaires philosophiques qui recouvrent les trois dimensions de l’apprentissage du philosopher : conceptualiser, problématiser et argumenter. L’objectif de la lecture philosophique des deux corpus, c’est d’en dégager les éléments philosophiques en relation avec la question de recherche. De ce fait, seules les dimensions proprement philosophiques des corpus sont exploités.

1. Balises pour conceptualiser : Des concepts controversés

Le premier point de vigilance à faire apparaître, pour une didactique de la philosophie, tient à la nature des concepts qui apparaissent dans les controverses publiques autour de « wokisme » (Vincent, 2022) et de la censure des recherches scientifiques.

La notion de «wokisme » ne fait pas consensus : elle est utilisée par les « anti-wokes » et refusée par les « pro-woke ». Ainsi Alain Policar rappelle que la notion de « woke », en lien avec les injustices, a une origine ancienne : « L’expression being woke s’est d’abord popularisée aux États-Unis dans la communauté afro-américaine tout au long du xxe siècle (elle apparaît en 1943 dans un article de The Atlantic qui cite un syndicaliste noir appelant au combat contre l’exploitation économique) pour désigner une nécessité : celle de rester éveillé aux injustices, principalement alors de nature socio-économique » (Policar, 2023, p.115). En revanche, la notion de wokisme est apparue plus récemment avec un sens polémique : « Désormais, le wokisme désigne péjorativement ceux qui sont engagés dans les luttes antiracistes, féministes, LGBT ou même écologistes. » (Policar, 2023, p.116). C’est pourquoi, durant cet article, nous utilisons le terme « wokisme » entre guillemets pour rappeler son caractère polémique. De même, l’idée de recherche scientifique dites « woke » a un caractère polémique visant à les assimiler uniquement à une forme de militantisme. C’est pourquoi nous utilisons également des guillemets.

Ainsi, face à la censure des recherches dites « woke », Valérie Masson-Delmotte (France Inter, mars 2025) préfère parler de « sciences de la durabilité ». En effet, ce ne sont pas uniquement certains pans des sciences sociales qui sont affectés par la censure de l’administration Trump, mais également les sciences du climat et certaines études en santé (comme les recherches sur les inégalités sociales de santé).

La notion de « cancel culture » ou de « culture de l’annulation » est acceptée par ses partisans et ses détracteurs. Par contre, son sens n’est pas le même selon les parties. Laure Murat écrit : « « En France, en particulier, la cancel culture est aussitôt associée à la censure, à la fin de la liberté d’expression ou, pire, à l’américanisation de la société française. » […] Alors que pour les partisans de cette notion, il s’agit de « Réparer des injustices flagrantes a posteriori. Difficile de mieux ramasser les enjeux qui font polémique. » (Murat, 2022, p.7-8). Il s’agit donc d’être attentif là aussi à la lutte sémantique qui se joue autour de ce terme.

2. Balises pour argumenter philosophiquement : Le wokisme et la cancel culture dans les recherches académiques.

Comme nous l’avons souligné auparavant, lors de l’exploration de la littérature de pédagogie publique, c’est dans l’ouvrage Le wokisme serait-il un totalitarisme ? de la sociologue Nathalie Heinich que nous avons trouvé l’argumentation la plus élaborée sur la censure (ch.4), parmi les partisans de la défense d’une ligne anti-woke. Dans une recension critique consacrée à cet ouvrage, les auteurs précisent qu’il s’est « vendu à plusieurs milliers d’exemplaires » (p.449) et que l’autrice, « aujourd’hui directeur de recherche émérite au CNRS, a publié, au cours de sa carrière, des dizaines d’ouvrages et d’articles scientifiques » (Hardy et al., 2023, p.450). Il faut également rappeler que Nathalie Heinich a été une des fondatrices de l’observatoire de décolonialisme, devenu observatoire de l’éthique universitaire. Elle en a néanmoins démissionné en 2025 après l’officialisation du financement de cet observatoire par un milliardaire considéré comme proche de l’extrême-droite, Pierre-Edouard Stérin (Lemahieu, 2025).

Ces éléments de contexte étant posés, il s’agit de mettre en lumière quels sont les arguments philosophiques qui conduisent Nathalie Heinich à considérer que l’on peut parler, au sujet du « wokisme », de censure et même de « totalitarisme d’atmosphère » (Ch.4). Il faut néanmoins noter que son ouvrage ne porte pas uniquement sur le contexte académique, mais également sur l’art. Nous limiterons notre lecture de l’ouvrage à la question académique.

Une grande partie de son argumentation relève de l’épistémologie et de la philosophie des sciences. Elle reproche au « wokisme » de confondre les registres descriptifs et normatifs dans la science et ainsi d’introduire, dans l’espace académique, des problématiques qui seraient légitimes dans l’espace public militant uniquement. Ce qui fait que Nathalie Heinich reproche aux chercheurs et chercheuses qui travaillent sur les thématiques « woke » d’être des « académo-militants » (Ch.2, Sect.1, §.2) et de développer une « pseudoscience » (Ch.2, Sect.1). Cela renvoie à ce qu’elle qualifie de « confusion des arènes » (Ch.2, Sect.3) qui se traduirait par une « contamination du savoir par l’idéologie ». Cela conduit de ce fait, selon elle, à une confusion entre « liberté académique » et « liberté d’expression » : : « ils veulent pouvoir exprimer librement leurs opinions politiques dans le cadre de leurs fonctions académiques sans que leurs productions puissent être soumises au contrôle scientifique de leurs pairs » (Ch.2, Sect.3, §.3). De ce fait, Nathalie Heinich se reconnaît dans le cadre d’une épistémologie attribuée à Max Weber caractérisée par la « neutralité axiologique » : le scientifique dans ses recherches doit s’abstenir de jugements de valeurs . Cette absence de distinction entre jugement de fait et de valeur conduirait également l’idéologie woke à congédier la notion de vérité.

Elle en conclu que le wokisme pourrait même être considéré comme un « totalitarisme culturel, un totalitarisme diffus, un totalitarisme sans Etat » (Intro., §.10). C’est ce qu’elle appelle le « totalitarisme d’atmosphère » (Ch.4). Sur le plan académique, la caractéristique qui conduit Nathalie Heinich à considérer que le wokisme serait un totalitarisme tiendrait au fait qu’il conduirait à la censure. Il convient de noter que les exemples de censure qu’elle donne sont surtout le fait d’étudiants et d’étudiantes auxquels se seraient joint, parfois lors de manifestations ou de protestations, des enseignants-chercheurs. Elle en comptabilise une vingtaine depuis 2019. Elle reproche ainsi aux institutions de leur apporter « une complicité active ou passive lorsqu’elles s’abstiennent d’intervenir pour protéger la liberté d’expression, la liberté de réunion et la liberté académique en leur sein » (Ch.3, Sect.1, §.10).

Dans son ouvrage, Nathalie Heinich ne propose pas la censure des recherches dites « woke », par le pouvoir politique, mais plutôt une régulation a priori des recherches scientifiques en faisant appel à une certaine lecture du principe de neutralité axiologique de Max Weber.

3. Balises pour argumenter philosophiquement  – Stand for Science France le 7 mars 2025 : Contre la censure des recherches scientifiques aux USA.

Comme nous l’avons précisé au moment de l’exploration du corpus, en vue de le délimiter, le « wokisme » et la « cancel culture » ont donné lieu de la part des chercheurs et des chercheuses français à une importante littérature sur un temps très court : signe du caractère controversé du sujet. Pourtant, au moment de la censure des recherches dites « woke » aux Etats-Unis, par l’administration Trump, on assiste plutôt à un consensus en opposition avec cet état de fait. Même Le Figaro, qui a publié de nombreuses tribunes contre le « wokisme », ne produit pas de textes à l’appui de la censure aux Etats-Unis. Sur l’observatoire de l’éthique universitaire, on peut lire uniquement un article qui prend position sur le sujet :  « Ne nous égarons pas en justifiant les âneries des uns par les oukases des autres; les menaces contre la science peuvent venir de tous les côtés, et il ne faut pas avoir de scrupules à les dénoncer d’où qu’elles viennent. » (Robert, 2025).

Les propos qui sont tenus dans le corpus que nous avons identifié en préparation du 7 mars 2025 ou le jour même essaient de souligner le danger démocratique qu’implique le fait de censurer des recherches scientifiques.

Sur France culture, le sociologue Michel Dubois analyse cette censure comme une production de l’ignorance :

« Ce qu’il faut comprendre c’est qu’à travers ce retrait des pages web, mais également ces listes de mots clés, ce que fait Trump en fait, c’est qu’il dessine précisément le paysage des thématiques ou des objets ou du réel qu’il ne veut pas voir. Et donc là on est dans un exemple assez spectaculaire de production d’ignorance. C’est-à-dire qu’on dit : cette dimension de la réalité, je ne veux pas la voir, je ne veux pas la connaître. Et qu’est-ce qu’on ne veut pas voir et qu’est-ce qu’on ne veut pas connaître ? C’est précisément tous ces éléments qui sont liés à des inégalités de santé, mais qui sont des inégalités sociales de santé, de discrimination » (France culture, 2025, 7’38- 8’38).

Les exemples qui sont le plus souvent pris dans le corpus n’ont pas traits aux sciences sociales. Il s’agit en particulier de l’application des thématiques dites « woke » aux sciences de la santé : pouvoir faire des recherches sur des traitements médicaux adaptés aux femmes comme aux hommes, ou à des minorités ethno-raciales à partir d’une analyse génomique (par exemple la drépanocytose touche plus particulièrement certaines populations).

Lors de l’entretien sur France Culture, les chercheurs invités (un immunologiste, un astrophysicien et une climatologue) reviennent sur les mêmes difficultés à pouvoir mener des recherches en sciences de la santé ou du climat. Valérie Masson-Delmotte (climatologue) affirme que la censure pratiquée aux Etats-Unis : « Cela ressemble à ce qu’on fait des régimes totalitaires » (France Inter, 5’50).

Lors de la Conférence de presse de Stand Up For Science, l’historien Patrick Boucheron met en avant le lien entre démocratie, science et vérité. La démocratie aurait besoin de la science pour l’établissement de la vérité. La chercheuse en informatique Claire Mathieu insiste pour sa part pour considérer la recherche scientifique comme un bien commun, en insistant non pas sur la concurrence entre chercheurs, mais sur les coopérations internationales dans la recherche.

Patrick Boucheron, tout comme Valérie Masson-Delmotte, rappellent, pour leur part l’unité des sciences face aux attaques qui les touchent. Ainsi Patrick Boucheron précise : « toutes les sciences sont d’une certaine manière les victimes collatérales d’une attaque massive qui a plusieurs années et qui aussi peut se dérouler dans le monde entier et aussi en France où l’international trumpiste a des représentants tout à fait déterminés contre les sciences sociales » (Conférence de presse, 8’56)

Valérie Masson-Delmotte précise pour sa part : «  on voit bien avec les attaques sur le wokisme dans les universités qu’on n’est pas si loin que ça puisse se passer aussi ici et c’est vraiment important que du coup il y ait une solidarité internationale » (Conférence de presse, 21’48’’- 22’26).

4. Balises pour problématiser : Discussion philosophique

Le rôle de la problématisation en philosophie est de faire apparaître les problèmes philosophiques qui sont sous-jacents, par exemple, aux débats publics. Bien que ces deux corpus soient hétérogènes par certains aspects, ils posent des problèmes philosophiques sous-jacents sur la nature des sciences et de la censure.

Nathalie Heinich, dans son ouvrage, n’aborde pas le cas des sciences de la vie  « woke » (sciences du climat, recherche sur les inégalités sociales de santé…). Dans le corpus, autour du 7 mars 2025 que nous avons étudiés, les chercheurs refusent de penser une dichotomie fondamentale entre des sciences sociales, qui seraient en prise avec les controverses sociales, et des sciences de la vie, qui seraient extérieures à ces controverses. En effet, la censure mise en place par l’administration Trump s’en prend indistinctement aux sciences sociales et aux sciences de la vie par les mots clefs qu’elle a établis.

Un des problèmes philosophiques, qui nous semble sous-jacent à cette controverse sur la censure, porte sur la question de la nature des recherches scientifiques et des épistémologies de recherche. La première difficulté provient de la différence entre la philosophie et les sciences sociales. Ainsi dans son ouvrage , Nathalie Heinich attaque un article paru dans une revue académique contenant cette phrase : « « La France, en effet, est étatiquement despotique » (Ch.2, Sect.6, §.1). Elle ne précise pas la source, mais en recherchant sur Internet, on peut trouver qu’il s’agit d’un article paru dans la revue Multitudes, une revue de philosophie, et signée par une philosophe (Luste Boulbina, 2015). Certes, on peut être en désaccord avec cette phrase. Mais, on ne peut pas y être opposé au nom d’une épistémologie de la neutralité axiologique. En effet, la philosophie est une discipline normative qui n’est pas astreinte à la neutralité axiologique. Ce point est également souligné par Olivier Reboul concernant la philosophie de l’éducation : « La philosophie ne se demande pas comment guérir la dyslexie, mais quelle valeur ou quel sens implique le fait de savoir lire. Elle ne cherche pas à construire un programme scolaire, elle se demande ce qui vaut la peine d’être enseigné, et pourquoi.  Elle ne cherche pas les moyens les plus sûrs et les plus efficaces, elle se demande quelles sont les fins de l’éducation » (Reboul, 2018).

En ce qui concerne les sciences sociales, l’épistémologie de la « neutralité axiologique » ne fait pas consensus . Par exemple, il existe toute une tradition de la sociologie critique, issue par exemple de la théorie critique de l’Ecole de Francfort, qui assume une dimension normative (De Munk, 2011). Depuis, les débuts de la sociologie, cette dimension n’est pas tranchée. De même, les sciences de l’éducation et de la formation, en acceptant en leur sein la philosophie de l’éducation, remettent en question une lecture purement positiviste, détachée de toute normativité, de la notion de science.

Ce que l’on peut constater, concernant la distinction entre recherches scientifiques et non-scientifiques, c’est que les chercheurs en France semblent plutôt convenir qu’il faut s’orienter vers une régulation interne au champ académique, plutôt que vers une censure politique. La position de Nathalie Heinich est de considérer qu’il faut faire appel à un contrôle a priori  basé sur le critère de « neutralité axiologique ».

Cette thèse n’est pas celle, par exemple, d’Eric Fassin (Fassin, 2024). Ce dernier résume sa position de la manière suivante : « Il est temps de compléter enfin la définition proposée par Jacques Derrida : « le droit de tout dire », certes, « et de le dire publiquement », effectivement ; mais à condition de ne pas dire n’importe quoi. » (Fassin, 2024, p.23). Comme Nathalie Heinich, Fassin distingue liberté académique et liberté d’expression. En ce qui concerne la liberté académique, il écrit : « Reste donc un seul critère, négatif : ne pas dire n’importe quoi. Cela implique en effet de se soumettre à des contraintes, mais sans déterminer a priori ce qui peut se dire, ou pas. C’est tout l’enjeu du travail savant. » (Fassin, 2024, p.23) En matière de recherche scientifique, on ne peut pas déterminer de critères a priori de ce qui serait scientifique ou pas, au risque de limiter l’innovation scientifique. Pour ce qui concerne, la liberté d’expression : « Les étudiant·es sont libres de leurs opinions, et donc aussi de manifester contre d’autres opinions, à condition bien sûr d’éviter toute violence : cela relève de leur liberté d’expression » (Fassin, 2024, p.24).

Enfin, un dernier problème que nous identifions ressort davantage de la philosophie politique que de la philosophie des sciences. Il porte sur le concept de censure. En effet, peut-il y avoir une censure, sans une institution qui applique une censure ? Le concept de totalitarisme d’atmosphère admet une censure sans institution. Néanmoins, si censure « woke », il y a eu, elle semble sans commune mesure avec celle qu’a établie l’administration Trump. Cela tient au pouvoir que détient l’État pour imposer sa censure. En l’occurrence, celui de pouvoir agir sur les financements de la recherche et sur les emplois des chercheurs.

Tableau n°3 : Propositions de balises curriculaires philosophiques concernant les débats publics autour de la censure des recherches scientifiques à partir de deux corpus de pédagogie publique.

Types de balises curriculaires philosophiques Balises curriculaires Points de vigilance :
Balises pour conceptualiser :

–  concepts controversés

« wokisme »/ « sciences de la durabilité »

« cancel culture »/Censure

Il s’agit ici d’être attentif à ce que ces notions sont controversées. Les acteurs publics ont une définition différente de ces notions en fonction de leur positionnement dans la controverse publique.
Balises pour conceptualiser :

– repères conceptuels

– opinion/connaissances scientifiques/vérité

– Philosophie/sciences sociales

– sciences de la vie/sciences sociales

– liberté d’expression/libertés académiques.

Balises pour problématiser :

– problèmes sous-jacents à

la question enjeu dans

le débat public.

– Les sciences sociales doivent-elles

être nécessairement soumises au principe de « neutralité axiologique » ?

– Peut-il y avoir des critères épistémiques pour définir a priori ce qui est scientifique ?

– Peut-il y avoir une censure qui ne trouve pas son origine dans une institution ?

Balise pour cartographier les principales positions

en présence

– Contre le wokisme et pour la censure de la science dite « woke » (a)

– Contre le wokisme, mais pas d’appel à censurer la science dite « woke » (b)

– Contre la censure

de la science, sans critique de la science dite « woke » (c)

– La position (a) correspond à la position officielle de l’administration Trump. Mais elle n’est pas particulièrement présente dans l’espace public français autour du 7 mars 2025.

– Ce sont donc plutôt les positions (b) et (c) que l’on trouve présentes en France de l’espace de la pédagogie publique des intellectuels.

Conclusion :

L’objectif de notre recherche est de favoriser la compréhension des enjeux philosophiques relatifs à des corpus de pédagogie publique dans une visée d’éducation citoyenne. Nous avons pris ici l’exemple de la censure des recherches scientifiques. Notre objectif est d’ouvrir un champ de recherche en didactique de la philosophie qui permette de contribuer à ce projet. Ce que nous avons essayé de montrer, c’est que la didactique, à l’aide de la notion de « balises curriculaires », peut avoir un rôle à jouer dans l’analyse des débats publics en vue d’une éducation à la citoyenneté tout au long de la vie.

Compléments praxéologiques: 

Proposition de pratique philosophique en éducation populaire appuyée sur la didactisation philosophique: 

  1. L’animateurice de la discussion lit en amont l’article de didactique de la philosophie.
  2.  Il ou elle sélectionne quelques textes ou extraits de textes pris dans le ou les corpus de pédagogie public et dans la discussion philosophique utilisé dans l’article de recherche.
  3. Ces articles sont proposés à la lecture en amont de la discussion à visée philosophique et démocratique aux participant.es.
  4. L’animateurice de la discussion à visée philosophique aide à la conceptualisation, à la problématisation et l’argumentation. (voir M. Tozzi) en s’aidant des balises curriculaires qui sont proposées dans l’article de recherche.

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1Pour des exemples de pratiques philosophiques dans la cité, voir la rubrique « Cité » de la revue Diotime, revue de didactique de la philosophie et de pratiques de la philosophie : https://diotime.lafabriquephilosophique.be/

2Site internet : https://decolonialisme.fr/?cn-reloaded=1


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
pedaradicale (22 mars 2025). Censure de la science et liberté de la recherche scientifique : didactisation des enjeux philosophiques. Les cahiers de pédagogies radicales. Consulté le 29 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/13ju4


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